Imprimés sur un papier soft touch suave, un peu moins large qu'un empan, les quatre beaux volumes de Poés'histoires nous embarquent dans un voyage en parallèle avec un poète et un artiste. Si le recueil de Bruno Doucey et Nathalie Dovi emprunte directement son titre La Vie est belle au cinéma de Capra puis de Begnini, chaque volume est comme un court métrage où la voix du poète s'accorde aux partis pris graphiques de l'artiste. Dans Lune n'est lune que pour le chat,l'astre lumineux de Sybille Delacroix, en osmose avec les mots de velours de Vénus Khoury-Ghata, guide dans la nuit un sublime félin qui se faufile entre les mots.

" La nuit en toi si noire d'être blanche " de l'enfant solitaire d'Yvon Le Men dans Les Mains de ma mère résonne fort dans les images de Simone Massi. Et dans La Femme à sa fenêtre, un peu à la façon des montages photos chocs du plasticien turc Ugurgallen, Sonia Maria Luce Possentini répond aux vers si justes de Maram al-Masri, pour dire la déchirure d'une mère face à la guerre, par un rideau qui nous donne à voir tout en nous en séparant " un monde où moi deviendra nous /et nous sera moi ".  La poésie est vivante ! Elle est là pour nommer ce qui nous inquiète et nous émeut. N'en privons pas les enfants !