enfantillages !
Le magazine des livres pour enfants & ados qui s'écoute et qui se lit
Quelles nouveautés jeunesse ? Quel livre pour mon enfant, mon ado ?
Connaissez-vous enfantillages ?
C'est un magazine consacré à la littérature jeunesse présent sur les ondes, via une émission bimensuelle sur Fréquence Protestante - un mercredi sur deux à 14 heures - et sur les internets, via des podcasts sur les principales plateformes et un webzine. Enfantillages mêle des chroniques - dont celle du plus jeune journaliste littéraire de France, Rémi - des reportages sur tous les lieux où l'amour des livres résonne et des interviews de grands auteurs et illustrateurs : Susie Morgenstern, Albertine, Timothée de Fombelle, Grégoire Solotareff, Muriel Szac, Douglas Kennedy, Tahar Ben Jelloun... ils sont une cinquantaine à être venus parler de cet éblouissement des lectures enfantines.
Les coups de cœur d' Enfantillages !
Tout nouveau tout beau
24 mars 2021
Et aussi sur anchor, apple podcast, spotify etc
vive la poésie ! vive le printemps des poètes !
Retrouvez la chronique de Rémi Mon livre préféré sur L'Infinuit de Ross MACKENZIE (Auzou).
Il
Qui lira rira ! 27 poèmes farfelus
De Bruno GIBERT éditions du SEUIL JEUNESSE, dès 3 mois.
Virelangues anonymes, caligrammes ou vers empruntés aux plus célèbres plumes, Eluard, Cocteau, Prévert, comme aux plus actuelles, le joli recueil célèbre la vitalité du verbe poétique. Essayez cet acrostiche, poème où, lues de haut en bas, les premières lettres de chaque vers, composent un mot : « Endroits Cruels Où Les Elèves Souffrent. Ecoles » ! Ou cette Pavane de la virgule d’Andrée Chedid :
« J’ai la forme d’une péninsule. / A mon signe, la phrase bascule, / Avec grâce, je granule / Le moindre petit opuscule ». Les illustrations, vives, colorées, rythmées, inventives, sont tout sauf prétextes ou anecdotes : elles ouvrent de nouvelles portes à la poésie, donc au lecteur.
Une année en poésie - Un poème à partager chaque jour
Sélection d'Emmanuelle LEROYER, illustré par Frann PRESTON-GANNON
éditions GALLIMARD JEUNESSE, dès 6 ans.
« Voir le monde dans un grain de sable / Et le paradis dans une fleur sauvage », cette invitation au voyage, initiation au regard poétique de William Blake, chaque jour renouvelée, se matérialise sous la forme d’un imposant volume avec « un poème à partager chaque jour » ! Il y en a pour absolument tous les âges et tous les goûts, les très grands, validés par les ans et la critique officielle, côtoyant les anonymes et les auteurs jeunesse contemporains. Du très connu donc comme de l’inédit, issus de tous horizons culturels, Neruda aussi bien que Baudelaire, Soseki comme Rilke, de quoi plonger chaque jour dans un bain de poésie. En mars par exemple, tendons l’oreille à cette conversation de Tardieu :
« Comment ça va sur la Terre ? – Ça va ça va, ça va bien. […] Et votre âme ? – Elle est malade / le printemps était trop vert / elle a mangé trop de salade ».
Robert Desnos, ce pirate tendre et fou
De Rémi DAVID, illustré par Julie JOSEPH, collection Des graines et des guides, éditions A DOS D'ANE, dès 8 ans.
« Indiscipliné, distrait, dissipé, désobéissant », tel est le portrait en D du poète enfant qui lui, se peignait plutôt sous les traits d’un corsaire baptisé Sanglot. Contre l’avis de son père, Robert Desnos arrête très tôt l’école, préférant vivre de petits boulots. Dans un bar du côté de l’Opéra, au cœur des Années folles, il devient le prophète du surréalisme. Inspiré par des muses au prénom en Y, « cette initiale qui vous ouvre les bras », Yvonne (« ce n’est pas une femme, c’est une flamme ») et Youki, ce dormeur éveillé anime une émission de radio, La Clef des songes, où il reconstitue les rêves des auditeurs, bruitage inclus, et devient ainsi le poète le plus écouté d’Europe. Il rejoint la Résistance après la rafle du Vél’ d’Hiv, est arrêté un jour de mardi-gras, meurt du typhus à Terezin. Du camp, il écrivait à son amour : « Je trouve un abri dans la poésie. Elle est réellement le cheval qui court au-dessus des montagnes ». Superbe portrait d’un poète en lutte.
Homophonie - Fables à ne pas prendre au mot
De Karine NACCACHE, illustré par Serge BLOCH, éditions LA JOIE DE LIRE, dès 9 ans.
« La mite est une petite bête / qui troue tous les vêtements ./ Le mythe une grande histoire/qui traverse le temps. […] Mite et mythe s’imitent, mais chacun garde son rang / Aucune mite mythique et pas un mythe miteux ». Le recueil de fables à ne pas prendre mot à mot entraîne le lecteur dans un tourbillon de variations sur cette « famille Homophones où l’ « on ne s’ennuie jamais ». Une fois libérée, l’encre est incontrôlable, « c’est un fleuve, une rivière, la Méditerranée :/ Il faudrait jeter l’ancre pour pouvoir l’arrêter ». Chaque mot est un personnage. C’est drôle rapide, brillant et beau, grâce aux illustrations de Serge Bloch.
Pays sauvage - La Poésie de John Muir
Choisis par Laura MANARESI, Illustrés par Giovanni MANNA, traduit de l'anglais (Etats-Unis), éditions POIL DE CAROTTE, dès 8 ans.
« Le chemin le plus clair pour accéder à l’Univers / Traverse le cœur d’une forêt sauvage ». Quand John des montagnes alias John Muir ne marche pas, il écrit. Ce poète géologue, explorateur alpiniste, philosophe botaniste, est un pionnier de l’écologie américaine. Il défend la nature comme sujet politique et inspire la création des premiers parcs nationaux. Les sublimes illustrations donnent à voir les paysages intacts de l’Ouest et le message visionnaire plus que jamais actuel de John Muir, prophète vagabond qui nous dit : « Apprends à vivre comme les bêtes sauvages ».
Amazonie
De Frédéric POTAGE, illustré par Gwenaëlle TROLEZ, éditions MAGELLAN & CIE, dès 6 ans.
Dans le sillage de John Muir, voici une poésie naturaliste témoin de la menace d'extinction de la faune : tatou, tamanoir, grenouille dendrobate, jaguar, singe araignée aux mains noires sans pouce, ara et tamarin lion. On entend, on sent, on perçoit de tous ses sens l’intensité de l’Amazonie, le papillon morpho, le toucan, le caïman à lunettes, le colibri, seul dans les airs à pouvoir voler en arrière, le capybara « sur le qui-vive tête dressée/sentir guetter surveiller », l’iguane, « courir et mordre si on m’attaque / fanon bleuté le cou gonflé / je souffle crête hérissée / comme un fouet ma queue qui claque ». Gare à l’Anaconda : « Non venimeux j’étouffe je noie / robe sombre taches noires / j’étire mes mâchoires / pour avaler ma proie / Le soleil sur mes écailles / au milieu des broméliacées /pomme de cajou papaye / sur une branche somnoler. » En marge, le poème de l’ethnologue Émilie Barrucand rend hommage aux peuples autochtones, ces gardiens de l’Amazonie : « Être indien, c’est être gai. » Nouvelle édition revue et augmentée, mêlant aquarelles, encres, et papiers à motifs.
Le Mot sans lequel rien n'existe
Invisibles
De Claude Clement, illustré par Cyril DOMINGER, éditions du POURQUOI PAS ?L, dès 7 ans.
« Un jour, un oiseau blanc descendit des nuages. / Léger, il se posa sur un grand livre ouvert / qu’un inconnu avait oublié sur la plage : / un beau livre géant, fragile, solitaire». Fragile et de toute beauté, humble et dépouillée, cette nouvelle édition du long poème humaniste en ode aux droits de l’homme prend la forme d’un livre-lettre, finement cousu d’un fil rouge qui donne un peu de la grâce et de la légèreté de l’oiseau aux mots massifs et imposants de nos frontons, « Justice… Tolérance… Liberté ». Cet oiseau blanc, aussi mythique que l’aigle noir de Barbara, sème des mots bienfaisants, infiniment consolateurs, pour que les enfants puissent les réinventer. Le message universel, délivré sous la forme d’une missive exclusive, au graphisme fin et délié, comme adressée au lecteur et à lui seul, puise une force neuve.
Illustration : Association des amis de Desnos, Paris XIXème • Crédit : Jeanne Menjoulet