Romain préfère les garçons, Karine aime les filles, Patrick les deux et Sarah ne veut ni amoureux ni amoureuse. Très tôt, ils ont compris qu’ils étaient différents. Et alors ? « Ton identité n’est pas déterminée par la personne que tu aimes, ni par ton genre », les rassure d’emblée le livre. Et surtout, confirme en préface le médecin et auteur Baptiste Beaulieu, «  je veux que tu saches : c’est OK d’être qui tu es ».

 

En 2019, cette vérité reste bonne à dire et à redire. Aucun prosélytisme mais juste la nécessité affirmée de documenter calmement la question LGBT+. « Tordons le cou aux idées reçues ! », propose ce livre salutaire qui pose clairement les faits.

Les illustrations de Zelda Zonk apportent la petite touche décalée et drôle indispensable : « Bon, s’interroge une ado affalée sur son canapé, stylo en main pour remplir un formulaire. « “ M ”  ou “ F ” ? Suis-je “ Magnifique ”  ou “ Fabuleuse ” ? ». Après des millénaires d’ostracisme ou de placard -  la moitié des porteurs de triangle rose déportés étant morts dans les camps nazis - l’heure est à la fierté revendiquée. Mais nulle contrainte, là non plus : chacun a le droit de revendiquer - ou pas - son identité ou son orientation sexuelle.

«  Demande-t-on aux hétéros de faire leur coming out ? ».  

 

Pour incarner et éclairer les millions d’anonymes contraints à la souffrance et au silence, sept bandes dessinées retracent le destin de grandes figures des communautés LGBT+, de Sappho, l’initiatrice à Caitlyn Jenner, star virile du football américain qui était femme, en passant par la championne Amélie Mauresmo, Oscar Wilde, dont la condamnation aux travaux forcés provoqua la fuite de 600 homosexuels londoniens vers Calais ou Léonard de Vinci, dénoncé par lettre anonyme, incarcéré puis libéré faute de preuves.

Heureusement, les mentalités progressent mais la route est encore longue jusqu’à la pleine acceptation des personnes LGBT+, voire leur banalisation. Leur acceptation sereine ne va pas de soi pour beaucoup, comme le prouve leur quasi invisibilité dans les médias et productions culturelles dominantes. « Tu n’existes pas ! », semble signifier cette représentation insuffisante, comme le souligne l’illustration. Or, si l'on peut se réjouir que les pathétiques caricatures du passé perdent du terrain, la permanence de cette quasi absence, sur le petit écran notamment, médium certes has been mais encore majoritaire dans nombre de foyers, est d’une violence sociale d’un autre âge.

 

Au plan mondial, le constat est glaçant : une personne LGBT+ assassinée toutes les 25 heures, la peine capitale dans certains pays, et le doublement des meurtres LGBTphobes entre 2016 et 2017. Mais la barbarie recule à mesure que des droits sont acquis, avec en pointe Malte, qui permet à chaque citoyen de choisir son genre, sur simple déclaration. Rappelant que l’homophobie est un délit, pas une opinion, et toujours un « aveu de faiblesse et d’ignorance », le livre explique ce que dit le droit, liste les associations et recense les réflexes à adopter en cas d’agression.

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«  Tu n’es pas seul(e). Tu n’as jamais été seul(e), mais tu ne le savais pas » : que ce message d’amour et de tolérance parvienne aux intéressé(e)s, à leur entourage et à tous ceux qui pensent que rien de ce qui est humain ne leur est étranger !