Artémis Fowl, le génial et célébrissime Irlandais, est parti sur Mars. Myles et Beckett, ses petits frères, prennent donc la relève. Les jumeaux dizygotes sont les héros du nouveau cycle d’aventures de la lignée Fowl. (Le deuxième tome est déjà sorti outre-Manche.) Myles, qui comme leur aîné a un QI de 170, est aussi brun et control freak que son frère Beckett est blond et impulsif. Au début du roman, les deux frérots se baladent tranquillement, sur la plage de la petite île pittoresque au sud de Dublin où ils vivent, sous la supervision numérique de leur Nurse, acronyme de Nano Unité de Reconnaissance et de Surveillance Electronique quand soudain, une détonation retentit. C’est Lord Teddy Bleedham-Drye, duc de Scilly, le grand méchant de l’histoire, aristocrate diabolique en quête du secret de l’immortalité et prêt à tout, même à exterminer les Fowl, pour l’obtenir. Pourtant, ce ne sont pas les deux héritiers que le noble sanguinaire a dans le viseur, mais un troll miniature. Il veut recueillir son venin et s’y baigner comme dans une fontaine de jouvence. Il ne faut pas se laisser dérouter par le début du roman qui décrit en longueur ce super vilain car très vite, on est entraîné dans un tourbillon de péripéties. Le lord fou se trouve une alliée en la personne de sœur Jeronima. Cette nonne espagnole à l’accent très prononcé fut jadis infirmière spécialisée en traumatologie et lanceuse de couteaux, avant de se reconvertir dans  les interrogatoires musclés. La devise de cette

«  interroganonne » est simple : « ce qu’il faut garder à l’esprit (…), c’est que tout le monde est coupable de quelque chose ». Heureusement, les Fowl voient voler à leur secours une fée invisible qui est aussi élève officier de police et répond au nom de Lazuli Heist. Avec le troll en prime, le quatuor décide de s’appeler les Regrettables. Tous  les personnages sont fouillés, même ceux qui semblent secondaires, comme ce membre des services secrets qui, au  moment de perpétrer un enlèvement d’enfants, se demande s’il est bien du côté des « bons ». Le robot nounou en charge de l’éducation de la fratrie évolue, jusqu’à rêver de devenir « la Chaconne en ré mineur de Bach, un parfait mélange de beauté et de mathématiques ». Les jumeaux communiquent dans un fascinant langage crypté,  incluant gestes et onomatopées, qu’eux seuls comprennent. Du côté de Myles, l’insolence cinglante et hilarante d’un « génie certifié avec des tendances délinquantes ». Du côté de Beckett, des coups de poing au centre nerveux à faire pâlir Obélix et un autre don qu’il ne faut pas dévoiler. Le plus drôle, ce sont les interventions intempestives du narrateur.  En pleine action, il se permet d’aménager des pauses pour expliquer l’intrigue à l’aide d’un problème de maths par exemple.  Le texte est brillant et regorge de références à Isaac Asimov (« la violence est le dernier refuge des incompétents »), au pogo, Elvis Presley et Shakespeare.