C’est une lettre de Viji à sa sœur. Rukku a trois ans de plus mais du fait de sa déficience mentale, tout le monde croit que c’est elle la cadette. Viji aurait pu commencer sa lettre comme leur histoire préférée, racontée chaque jour avant qu’elles s’endorment : «  Il était une fois deux sœurs à la tête d’un royaume féérique ». Mais la vie des deux fillettes indiennes n’a rien d’un conte merveilleux. Contraintes de fuir un père violent, elles trouvent refuge sous un pont en ruine. Elles y font la connaissance d’Arul et Muthu, et, comme les deux garçons, elles deviennent chiffonniers. Sous un soleil de plomb, munis de hottes et de bâtons, les pieds couverts de mouches, ces parias arpentent les décharges en quête de matières recyclables - carton, plastique, verre, métal - pour gagner chaque jour de quoi manger. Des invisibles, des indésirables dormant à même le bitume, sous un pont ou dans les cimetières. A moins qu’ils ne soient, question de point de vue, des aventuriers, héros et héroïnes, qui, chaque jour, gravissent en quête de trésors  des montagnes de détritus, dans cet « Himalaya des pauvres », les Montagnes bleues, vaste amas d’ordures au bord de l’Océan ? Et Rukku, est-elle cette soeur handicapée mentale dont tous se moquent ou une magicienne créant de beaux colliers en verre ?

​

Akka, amma, appa, biryani, chaï, payasam : un glossaire tamoul en début de volume permet d’insérer en VO les mots de la famille et de la gastronomie, et de nous faire ainsi voyager en Inde du Sud. Ce roman, qui s’appuie sur des témoignages authentiques, donne le point de vue  de quelques-uns de ces millions d’enfants indiens, fugueurs ou abandonnés, sans-abri en raison de leur caste, de leur genre, de leur handicap ou de leur origine. La réalité décrite est terrible mais malgré tout, c’est une leçon d’espoir. Tout est possible « tant que tu croies en la bonté qui est en toi ».