Professeur Albert, c’est évidemment Einstein, Albert de son prénom, le facétieux savant qui ressemble un peu à un grand-père idéal sur ces fameux portraits où il tire la langue, le visage auréolé d’un nuage de cheveux blancs. Quel meilleur guide pour emmener les enfants dans un « incroyable voyage » dans l’espace-temps ? La réussite de cet album de vulgarisation, c’est l’équilibre entre le texte, sérieux, documenté, illustré d’infographies et la mise en image inventive, drôle et vitaminée. On commence par les basiques : « le temps est ce qui se mesure  avec une horloge ». Que ce soit ton âge, celui des Pyramides ou la naissance de l’Univers, il y a 13,8 milliards d’années. Et l’espace ? Eh bien, c’est la longueur entre deux objets. Mais parle-t-on de la même chose ? En 1999, la sonde spatiale Mars Climate Orbiter s’est écrasée sur la planète rouge parce qu’elle avait été conçue selon le système impérial, en lieues et en milles, alors qu’au décollage, les instructions avaient été données dans le système métrique ! Avec la vitesse et le mouvement, on s’approche peu à peu de la relativité : le Professeur Albert est sur  le quai quand il voit passer Alice, qui lit bien tranquillement dans son train élancé à 30 à l’heure. Pour elle, confortablement assise dans son wagon, rien ne bouge mais pour lui, ni Alice, ni son livre ne sont immobiles. Pourquoi ? Chacun son référentiel. Pour Alice, c’est le wagon et pour Albert, c’est le quai. Bref, le mouvement est relatif : il dépend de celui qui regarde et de l’endroit d’où il regarde. Et on n’en est encore qu’au début ! Plus on avance dans le livre, plus ça devient ébouriffant ! Car oui, du fait de la vitesse de la lumière, 300 000 kilomètres par seconde, « nous ne voyons que le passé ! ». L’étoile que tu observes dans le ciel est peut-être morte depuis bien longtemps. Roulement de tambours, petit lecteur,  te voici  presque prêt à appréhender la théorie de la relativité restreinte : un, le temps se dilate ; deux, les longueurs se contractent ; trois, les masses augmentent. Dis comme ça, c’est un peu rude. Mais le livre décortique tout très bien. Einstein était fan de ce qu’il appelait ses expériences en pensées. Il avait 16 ans quand il a commencé à se demander ce que ça ferait de surfer sur un faisceau de lumière. Devenu plus tard un grand savant, ça lui a pris 10 ans pour élaborer sa théorie de la relativité. Alors forcément, il faut un peu s’accrocher mais les esprits curieux vont aimer.