Sam est le meilleur de sa classe en français. Le seul à s’en sortir avec les félicitations quand l’horrible Lachique, le prof de français, « Lachique-le-Sadique… Lachique-le-Diabolique… Lachique-la-Colique », leur rend leur énième rédaction sur « vos vacances chez votre grand-tante dans la Creuse ». Les autres se font traiter de « mollusques nains dénués de réflexion ». Alors, quand les tartines de « Patacao, bien gras et bien sucré » ne parviennent pas à consoler son pote Victor, éconduit par la belle Julia, la fille la plus populaire du collège, Sam ne résiste pas longtemps au plan de survie élaboré par sa sœur Clara : puisque Sam a une plume, qu’il la mette au service de Victor, en écrivant des lettres si belles que Julia ne pourra pas résister ! Comme Cyrano de Bergerac quand il écrit à Roxane les mots d’amour de Christian dans la pièce d’Edmond de Rostand. Sam doit bien ça à Victor, qu’il connaît depuis la  maternelle, au nom de leur « neuf années d’amitié, des centaines d’heures au square et des milliers de goûters partagés ». Il s’applique, évite «  les rimes ridicules, les métaphores animales, les noms d’amour gnangnan » et ça marche ! Julia tombe dans les bras de Victor.

​

Ça marche trop bien même puisque les garçons de la classe persuadent Sam de leur prêter sa plume à eux aussi pour séduire leur copine. Il voudrait bien dire non mais comme ils sont champions de boxe et de karaté et beaucoup plus grands que lui, il se laisse convaincre… Sam s’intéresse encore très peu aux histoires sentimentales mais le voilà enrôlé de force pour prêter à Ryan, Jules, Téo et Simon les mots d'amour qu’ils voudraient dire à la fille de leurs rêves. Sa « libération épistolaire » est prévue quand les garçons auront obtenu le rendez-vous espéré avec la fille qu’ils aiment. A leur tour d’assurer à ce moment-là. Sam a quelques compensations quand même, négociées par Clara sa redoutable grande sœur : les prétendants feront ses devoirs dans les matières où il est nul, comme les maths ou l’anglais, et lui laisseront même leur dessert à la cantine !

L’apprenti écrivain se retrouve à baratiner sur des sports dont il ignore les règles et à raconter des vacances en Angleterre où il n’a jamais mis les pieds. Manque de bol, la Saint-Valentin approche et les aspirants lui mettent la pression. «  Je déclare le 14 février date maudite à tout jamais », déclare Sam qui frôle le burn out à force d’écrire des déclarations bidons, et « déteste Cupidon, ses flèches, son air crétin, ses bourrelets et ses cheveux bouclés ». Il s’organise, répertorie les synonymes et pratique le copié-collé amélioré.

Sa ruse sera-t-elle découverte ? Aura-t-il lui-même une correspondante surprise ? Je ne peux rien vous dire sinon que les aventures de Sam le Cyrano ado sont drôles et font passer un bon moment.