Autre représentant d’un peuple en lutte pour sa survie, petit frère éloigné du Marvellous de Red Man de notre invité Jean-François Chabas (Au diable vauvert), Mobou le Pygmée habite en République démocratique du Congo. A dix ans, il parle baka, la langue des siens, mais aussi bantou comme les « grands Noirs » à côté, et français, comme les Blancs qui viennent pour certains construire des écoles et pour d’autres, déboiser. Mobou est le seul de son campement à aller à l’école et à posséder une montre. A l’abri des  grands moabis, ces arbres sacrés, sa tribu nomade vit en bonne intelligence avec son environnement. Et refuse de le céder aux   « tueurs d’arbres » qui veulent qu’elle s’installe dans les huttes en béton. Ceux du « village ivre » l’ont fait, et maintenant, ces Pygmées saoulés au gnolo-gnolo, l’alcool de maïs et de manioc, laissent leurs enfants au ventre gonflé par la malnutrition errer dans les immondices sans surveillance. L’auteure décrit précisément « l’agonie, lente, interminable » du géant qu’on abat, « ce craquement horrible, insoutenable, de l’arbre dans son dernier soupir ». Le documentaire laisse la place au conte quand des chenilles oranges et poilues, mygales aux pattes velues et fourmis carnivores aux mandibules acérées suffisent à repousser les appétits des compagnies forestières. Mais c’est un bel exemple de résistance.