enfantillages !
Le magazine des livres pour enfants & ados qui s'écoute et qui se lit
Quelles nouveautés jeunesse ? Quel livre pour mon enfant, mon ado ?
Connaissez-vous enfantillages ?
C'est un magazine consacré à la littérature jeunesse présent sur les ondes, via une émission bimensuelle sur Fréquence Protestante - un mercredi sur deux à 14 heures - et sur les internets, via des podcasts sur les principales plateformes et un webzine. Enfantillages mêle des chroniques - dont celle du plus jeune journaliste littéraire de France, Rémi - des reportages sur tous les lieux où l'amour des livres résonne et des interviews de grands auteurs et illustrateurs : Susie Morgenstern, Albertine, Timothée de Fombelle, Grégoire Solotareff, Muriel Szac, Douglas Kennedy, Tahar Ben Jelloun... ils sont une cinquantaine à être venus parler de cet éblouissement des lectures enfantines.
.png)
Les coups de cœur d' Enfantillages !
Tout nouveau tout beau
Avril 2021
Et aussi sur anchor, apple podcast, spotify etc
histoire, fantaisie et l'amour toujours !
Il
Le Petit Livre pour les géants
D'OBOM, éditions SALTIMBANQUES, dès la naissance.
Fermez le ban, la palme du plus grand imagier du monde est unanimement décernée au Petit Livre pour les géants : 80 cm d’envergure, de quoi s’immerger totalement dans la lecture. Balayons d’emblée le prêchi-prêcha ludo-éducatif. Oui, il y a bien 600 mots à découvrir. Mais ne nous voilons pas la face, ce livre au titre antiphrase est réellement barré et si l’on plonge et replonge avec délice dans ses plantureuses doubles c’est moins pour son enseignement linguistique que pour sa fantaisie no limite. Bienvenue au pays des monstres gentils : la sirène joue au scrabble avec son pote le phoque, Blanche-Neige tape le carton avec le Grand Méchant Loup, la chèvre de M. Seguin se fait capturer par un aigle pendant que l’ours joue de la harpe et que les mouffettes grillent tranquilles du marshmallow au feu de bois. On en prend plein les mirettes et on sourit d’aise en remarquant à chaque fois un nouveau gag et un pitch d’histoire désopilante.
Idiss
D'après Robert BADINTER, scénario de Richard MALKA, illustré par Fred BERNARD
éditions RUE DE SEVRES, dès 11ans.
On appelait Yiddishland ce coin de Bessarabie aux marches de l’Empire tsariste, confetti d’un archipel disséminé en Europe centrale et oriental. Kichinev, à la frontière roumaine, sur les terres de la Moldavie actuelle, haut lieu du judaïsme ashkénaze, avec jusqu’à soixante-dix synagogues et seize écoles juives, est le berceau de la famille de Robert Badinter. Mais dès le retour des pogroms, ils sont deux millions à reprendre la fuite, comme Avroum et Naftoul, les oncles de l’ancien Garde des Sceaux. Direction la patrie de Victor « Iougo » et des droits de l’homme. Idiss la grand-mère aux grands yeux clairs, les rejoint bientôt, son Schulim et sa petite Chifra, future mère du ministre, sous le bras. Quelques années de bonheur en famille entre rue des Rosiers et rue Monge, prix d’excellence « à l’école de France », que « Dieu bénisse la République », mariages, argent, meetings de Léon Blum et puis, bientôt son « destin juif, européen et cruel », comme le résumera son petit-fils, la rattrape. La peste brune revient d’outre-Rhin et Idiss ressent « la présence du mal dans son corps et dans son monde ». Pourtant, cette bande dessinée aux couleurs gaies donne vie, aussi, dans ce « temps du malheur », aux intermèdes de joie lumineuse de cette mère courage. On rit aux éclats quand les bras au ciel elle voue aux gémonies la chiksé, qui lui a volé son fils Naftoul. En fin de volume, une photographie en noir et blanc de la vraie Idiss fait face au rappel factuel, terrible dans sa sobriété, de la déportation de ses enfants, puis l’avocat Richard Malka rappelle l’ignominie des lois antijuives. Cette histoire nous ébranle tous, qu’on ait, ou pas, une Idiss dans sa généalogie car ce qu’elle dit de l’espèce humaine est universel.
C'est pas sorcier - Notre-Dame de Paris
De Sophie de MULHEHEIM, illustré par Fabrice MOSCA, éditions DES DEUX COQS D'OR, dès 7 ans.
Deux ans après l’incendie qui ravagea le
« majestueux et sublime édifice » huit fois centenaire loué par Hugo, hommage à Notre-de Paris dans un petit fascicule plein d’infos, exemple ces portes jugées trop belles pour avoir été forgées sans l’aide du diable et aspergées d’eau bénite avant que d’être franchies pour la première fois, ou cet autoportrait sculpté de Viollet-le-Duc en roi Ela. Sans oublier, en bonus, la maquette : chaque enfant architecte restitue à cette beauté en dentelle de pierres sa nef, son transept, ses arcs-boutants, et sa flèche.
KluKluxKlan - Des ombres dans la nuit
De Roger MARTIN, collection Histoire et Société, éditions OSKAR, dès 12 ans.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Le grand-père de Jim est la parfaite incarnation de la pensée d’Hugo. A l’occasion de la remise de sa Médaille d’honneur, plus haute distinction américaine pour un civil, son petit-fils métis apprend de quel héros de la lutte pour les droits civiques il descend. Grand-père raconte, entre deux bouchées de crabe pêché dans le bayou. Il avait dix ans quand son père et lui - sa mère était morte - ont fui Centreville, dans la vieille Chevy taggée d’ insultes racistes « Ami des Negros, vendu, traître à la race blanche ». C’était le Sud, un genre de bled où, à la fête de l’école, on tire au chamboule-tout sur des têtes de Noirs grimaçantes grossièrement caricaturées sur des boîtes de conserves. Où, chauffés à l’alcool de grain distillé dans des alambics familiaux, les hommes en cagoule et robe blanche organisent au calme des expéditions punitives contre les habitants des misérables baraques du quartier noir. Angela, la camarade de classe dont le petit William est secrètement amoureux vit dans une de ces ruelles boueuses. L’enfant ne comprend pas : pourquoi s’en prendre sauvagement aux cuisinières, aux métayers, aux nounous qu’on a toujours connus ? C’est que le suprémacisme blanc a des racines aussi longues que les cyprès de Louisiane. A la guerre, les transfusions entre sang blanc et sang noir n’étaient-elles pas séparées ? Mais il existe une arme pacifique contre les cavaliers du Klan : les caractères de plomb du canard local que le père imprime depuis dix-sept ans. Il y dénonce en Une la barbarie des petits Blancs assassins aux ordres de l’oligarchie sudiste. En annexe à ce roman poignant et incarné, un passionnant dossier retrace l’histoire de la société secrète et de ceux qui l’ont combattue.
Invisibles
Julian au mariage
De Jessica LOVE, éditions PASTEL/ECOLE DES LOISIRS, dès 3 ans.
Pendant que leurs superlatives Grand-mas refont le monde autour d’une part de wedding cake, Julian et Marisol s’éloignent de la noce pour s’abriter sous un saule pleureur froufroutant comme le costume d’une meneuse de revue. Julian est non binaire, les mariées sont des filles et les sublimes images de Jessica Love primée à Bologne, oniriques et sensuelles, nous convient à un pur moment de fête.
Toutes les fois où je me suis dit... je suis gay !
D'Eleanor CREWES, traduit de l'anglais (Grande-Bretagne), éditions STEINKIS, dès 13 ans.
« J’ai grandi avec l’impression de garder un secret tout au fond de moi. C’était comme si quelqu’un m’avait confié une lettre. J’en avais la garde mais pas le droit de l’ouvrir avant que ne vienne le bon moment ». Enfant, Elie adorait être différente. Quand ses copines vénéraient les mignonneries, elle ne jurait que par le rock et les fantômes. A dix ans, révélation devant le petit écran : elle sera (comme) Willow, la sorcière rousse de Buffy contre les Vampires qui est amoureuse de sa copine Tara. Pourtant, Ellie mettra encore dix ans à découvrir qui elle est, adoptant en surface, sans tromper grand monde, les règles de
l’hétéronormativité, malgré les rencarts ratés avec des garçons, les relations compliquées avec le miroir et la nourriture, et la sensation tenace de rétrécir à l’intérieur : « je n’avais même pas conscience de l’existence du placard – et encore moins d’être enfermée à l’intérieur ». Mais à 21 ans, Ellie fait LA rencontre et accepte enfin qui elle est. Cet autoportrait graphique drôle et sincère est là pour que d’autres filles, « enfant ou adolescente, ou même jeune adulte » errent moins de temps dans leur quête d’identité.
Les Emotions de Gaston la Licorne
Je suis amoureux et Mon jardin de Patience
D'Aurélien CHIEN CHOW CHINE, éditions HACHETTE ENFANTS, dès 3 ans.
Gaston la licorne arc-en-ciel est amoureux : « un soleil radieux brille dans son cœur » quand il pense à Eglantine la violoniste. Si toi aussi, tu « as des petits cœurs coincés en
toi » à l’idée de déclarer ta flamme, fais les mouvements de respiration de ce mini album. Incontournable en période de confinement, dans un coffret-livre, Gaston la licorne new age t’apprend aussi la patience en cultivant des coquelicots et des bleuets. Ah ! Si tout pouvait être simple comme dans le monde de Gaston !