Dès l'incipit, la narratrice, Stella, 11 ans, s’adresse à un « tu » mystérieux : « ça ne te plairait pas » écrit-elle, au moment de tenter de s’introduire, en douce et de nuit, à la NASA. On est en 1977. Dans quelques mois, un disque d’or s’élancera dans les cieux à bord de la sonde Voyager. Le projet se nomme Voyager Golden Record. C’est une sorte de bouteille à la mer interstellaire, destinée à d’hypothétiques civilisations extraterrestres. La précieuse galette contient 116 images et « tous les plus beaux sons de l’humanité », concerto de Bach, chant de baleine, criquet, baiser d’une mère à son enfant, geyser bouillonnant...

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Stella la bien-prénommée partageait avec son père l’amour des astres. Ce qu’elle voudrait, c’est proposer à la Nasa d’envoyer dans l’espace la cassette de l’enregistrement d’une conversation avec son père. Car, on le comprend vite, c’est à son père que la jeune ado écrit. Et quand elle tombe par hasard sur leur télescope ou les autocollants phosphorescents qu’ils avaient collés ensemble, au plafond de sa chambre, ça lui vrille le cœur.

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En attendant, en rentrant de son escapade ratée à la Nasa, Stella s’aperçoit qu’on la suit. Est-ce un chien ou un chat perdu ? Rien de tout ça, c’est « un blob d’obscurité pas plus gros qu’un lapin », autrement dit un trou noir ! Parfaitement : l’un de ces objets célestes qui « se forment quand une étoile géante meurt et s’effondre sur elle-même ». Ce qui correspond assez bien à la situation de Stella : son père est mort et son monde s’est écroulé. « Il est parti et il y a un trou dans ma vie. », dit-elle. Si par malheur Cosmo, son petit-frère de cinq ans, se risque ne serait-ce qu’à prononcer le nom du défunt, Stella lui décoche un regard noir, « LE Regard. Celui qui dit :

« On en parle pas de papa, jamais de la vie, et tu le sais très bien ».

Imaginaire ou pas, Larry le trou noir est à la mesure du trou dans le cœur de Stella. Il devient trou noir de compagnie et fait son travail de trou noir en avalant tout sur son chemin. La lampe de poche, mais aussi les nains de jardin de la voisine, l’horrible jouet sonore du petit frère et tout ce qui est doux, comme les pulls moches de Tante Céleste, le hamster et même le chien. Larry avale même un chapitre du livre qu’on est en train de lire ! L’idéal, ce serait qu’il absorbe ainsi tous les souvenirs de Stella. Elle pense que comme ça, elle ne sentirait plus rien et irait mieux.

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Mais finalement, si au lieu du néant et de l’oubli, le trou qu’elle a au fond du cœur était un trou de ver, un de ces portails astrophysiques qui conduisent d’un endroit à l’autre de l’Univers ? Si, en acceptant le chagrin et le souvenir, Stella parvenait à grandir et à se retrouver ?